Depuis 130 ans, nous célébrons le premier mai la journée des travailleuses et travailleurs, au nom du progrès social, de la justice et des droits humains. Pour la première fois dans l’histoire, il n’y aura cette année en Suisse ni manifestations ni rassemblements à cette occasion. Malgré tout, nous sommes uni-e-s, et sous le slogan Solidarité, plus que jamais !, nous marquerons cette journée – principalement de manière numérique – avec des débats et une émission en ligne.
Il y aurait de très nombreuses raisons de se faire entendre dans les rues en ce 1er Mai. La crise actuelle révèle la précarité dans laquelle se trouvent nombre de travailleuses et de travailleurs. Une fois de plus, les moins bien payé-e-s sont aussi les plus touché-e-s. Plus d’un million et demi de personnes sont au chômage partiel et voient leur revenu réduit de 20 %, en très grande partie dans les secteurs insuffisamment payés. Boucler les fins de mois devient difficile : il faut donc des indemnités qui remplacent 100 % du salaire. Et face aux employeurs qui, malgré 60 milliards d’aides publiques, suppriment des places de travail, nous avons besoin d’une protection contre le licenciement et d’une interdiction de verser des dividendes.
Ce sont les travailleuses et les travailleurs qui maintiennent le pays en vie : voilà ce qui apparaît clairement lorsque bon nombre d’entre eux doivent cesser leur activité. Dans le même temps, il faut reconnaître l’importance de ce que font celles et ceux qui continuent à œuvrer, dans l’ombre ou au front, durant la crise. Le service public comme fondement de la vie en société, mais aussi la logistique, la vente et tant d’autres, ont fait la preuve de leur caractère crucial – et pourtant, les salarié-e-s n’y reçoivent bien souvent ni la rémunération suffisante, ni le respect nécessaire. Il faut du changement : nous sommes toutes et tous indispensables, nous méritons de meilleurs salaires et de meilleurs droits.
La demande de justice sociale s’impose, pour ce 1er Mai extraordinaire, comme rarement au cours des dernières décennies. Hormis un ciel un peu plus clair et moins de pollution, ce virus ne sème en tant que tel ni vertu, ni bienfaits. Il ne transformera pas tout seul le capitalisme dans le sens que nous souhaitons. Pour l’instant, les conséquences de cette pandémie affaiblissent les faibles et nous privent des moyens et occasions de nous rencontrer. Comme toujours au cours de notre histoire, les possibilités de changer les choses vers le progrès ne résident ni dans les catastrophes, ni dans les maladies, ni dans les guerres, mais dans l’accumulation de nos forces militantes et dans nos capacités d’analyse, de proposition et d’action. En ce Premier Mai plus que jamais, il faut donc que nous disions ce qu’il faut à notre pays et à nos sociétés pour qu’elles restent humaines. Dans ces circonstances compliquées, organisons-nous, resserrons nos rangs, renforçons nos liens avec nos ami-e-s, nos collègues, utilisons tous les moyens disponibles pour renforcer notre mouvement. Mobilisé, le mouvement ouvrier est le meilleur vaccin pour protéger notre société et ses membres de l’inégalité et de la dislocation. Solidarité, plus que jamais !